jeudi 25 avril 2024
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Aux frontières de la conscience

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Selon plusieurs études, 10% de la population vivrait, au moins une fois dans sa vie, un état modifié de conscience non ordinaire comme, par exemple, des sorties de corps. 20% de ceux qui survivent à un arrêt cardiaque feraient une expérience de mort imminente.

Aujourd’hui, des équipes de chercheurs essayent de mieux comprendre et d’expliquer ces phénomènes décrits comme merveilleux mais aussi parfois traumatisants par ceux qui les vivent.

La conscience

  • Définitions de la conscience
    – Conscience : [Chez l’homme, à la différence des autres êtres animés] Organisation de son psychisme qui, en lui permettant d’avoir connaissance de ses états, de ses actes et de leur valeur morale, lui permet de se sentir exister, d’être présent à lui-même

– Courant, flux de (la) conscience : [W. James, Bergson] ,,Flux qualitatif des états intérieurs“ (Piguet 1960).

– Champ de (la) conscience : Champ de l’activité cérébrale, dirigé par l’attention qui détermine son contenu et sa plus ou moins grande ouverture, auquel se limite la conscience à un instant donné

– État de conscience : Ensemble des phénomènes existant simultanément dans la conscience à un instant donné et dont la succession représente l’activité cérébrale du sujet :

– Conscience (psychologique) : Intuition par laquelle l’homme prend à tout instant une connaissance immédiate et directe, plus ou moins complète et claire, de son existence, de ses états et de ses actes :

– Conscience immédiate, conscience spontanée : Connaissance instantanée, non accompagnée d’effort, du vécu tel qu’il se présente.

– Conscience réfléchie : Connaissance claire indirecte, accompagnée d’effort, la conscience effectuant un retour réflexif sur elle-même pour analyser et caractériser avec exactitude le fait conscient ou l’objet de la conscience.

– Prise de conscience : Passage à la conscience claire et distincte de ce qui, jusqu’alors, était automatique ou implicitement vécu“ (Lafon 1963-69).

– Loi de prise de conscience : « L’individu prend conscience d’une relation d’autant plus tard et plus difficilement que sa conduite a impliqué plus tôt, plus longtemps ou plus fréquemment l’usage automatique de cette relation ». Loi formulée par Ed. Clarapède dans les Archives de Psychologie, en 1918, t. XVII, p. 71“ (Lalande 1968).

Source: Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales – CNRTL

    • Qu’est-ce que le moi? Est-il possible de comprendre scientifiquement quelque chose d’aussi individuel que la conscience? Il y a peu de temps, la science était encore sceptique sur cette question. Mais au cours des dernières années, on a pu assister à un revirement de situation décisif. Des scientifiques de différentes spécialités ont commencé à étudier la perception subjective de façon systématique. Trois aspects de la conscience. Notre moi, que nous percevons chaque jour en état de veille comme étant à l’intérieur de notre corps: notre corps nous appartient et nous percevons le monde à partir de cette perspective corporelle. La conscience du soi normale comprend trois perceptions différentes:
      – Nous percevons notre moi comme une unité spatiale à l’intérieur de notre corps (localisation du moi).
      – Nous voyons, entendons et percevons le monde à partir de l’intérieur de notre corps (perspective du moi).
      – Nous ressentons notre corps comme nous appartenant (auto identification).
      Dans certaines circonstances, la perception de la conscience du soi peut changer. Un exemple impressionnant réside dans l’expérience extracorporelle, qui peut survenir par exemple après des lésions cérébrales ou en cas d’expériences de mort imminente. Les personnes concernées ont une impression de «décorporation», elles voient le monde et leur propre corps d’en haut.
      Mars 2012
      Source: Ligue Suisse pour le cerveau
    • Manipulation de la conscience du soi
      Silvio Ionta et Lukas Heydrich ont réussi pour la première fois à influencer les trois perceptions de la conscience du soi et à enregistrer les activités cérébrales correspondantes. A l’aide de la technologie moderne et de la robotique, ils ont réussi à provoquer une illusion des sens chez des sujets sains, et à les transporter dans un corps virtuel. L’expérience vécue par les sujets est déroutante: en effet, ils ont perçu le corps virtuel comme étant leur propre corps. Comme lors des décorporations, la moitié des sujets a par ailleurs eu l’impression de regarder vers le bas, bien qu’étant couchés sur le dos dans l’appareil d’imagerie par résonance magnétique (IRM) qui enregistrait leur activité cérébrale tout au long de l’expérience. En d’autres termes: leur perception subjective de la localisation du soi avait changé.
      Article: Multisensory Mechanisms in Temporo-Parietal Cortex Support Self-Location and First-Person Perspective

Mars 2012
Source: Ligue Suisse pour le cerveau

    • La cause d’une expérience extracorporelle
      On sait déjà depuis longtemps que la jonction temporo-pariétale traite différents signaux corporels, tels que le sens du toucher, de l’équilibre ou de la vue, mais aussi les mouvements du corps, y compris les muscles, les tendons et les articulations. Enfin, tous ces signaux sont harmonisés avec les perceptions du positionnement du corps dans la pièce (sens de l’équilibre).

Les chercheurs pensent que les décorporations ont deux causes possibles: d’une part, la lésion au niveau de la jonction temporo-pariétale empêche de ressentir le corps comme une unité cohérente, et de l’autre, la perception spatiale est modifiée par des signaux contradictoires du sens de l’équilibre. Lorsque ces deux dysfonctionnements coïncident, les personnes concernées ont l’impression de quitter leur corps et de se voir de l’extérieur.
Mars 2012
Source: Ligue Suisse pour le cerveau

Décorporation

    • L’expérience de ” sortie du corps ” et de ” mort imminente “Il n’est pas rare que l’on entende des histoires rapportant des expériences humaines exceptionnelles. Certaines, comme les expériences mystiques ,sont vécues comme des rencontres avec Dieu. D’autres suggèrent qu’il serait possible de sortir de notre point de vue habituel sur le monde, celui de notre corps physique dans le monde réel comme lors de rêves lucides, d’expériences de ” sortie du corps ” ou de ” mort imminente “. Il arrive fréquemment que ces manifestations exceptionnelles soient brandies comme des preuves de l’existence des phénomènes paranormaux, d’une âme immatérielle ou même de Dieu. Mais comme nous le verrons, à ces explications surnaturelles s’opposent de nombreuses hypothèses naturelles qui demeurent dans le cadre matérialiste que propose la science contemporaine. Parmi ces hypothèses, certaines tendent à ramener ces manifestations exceptionnelles à de simples effets subjectifs d’états cérébraux particuliers liés, par exemple, à des substances psychogènes, au manque de sommeil, ou encore à des états pathologiques, comme des crises d’épilepsie. En les réduisant ainsi à des phénomènes déjà connus, on ne voit pas trop ce que leur étude pourrait nous apporter de plus.Mais certains scientifiques, tout en reconnaissant que ces phénomènes ne peuvent provenir que d’une forme d’activité cérébrale singulière, pensent qu’ils sont néanmoins susceptibles d’apporter des éléments de compréhension au phénomène de la conscience humaine ou de ce que l’on appelle les ” théorie du soi ” (voir capsule outil ci-bas). C’est dans cette optique que nous allons survoler ici deux de ces expériences humaines exceptionnelles : l’expérience de ” sortie du corps ” et celle de ” mort imminente “.
      Source: Le Cerveau à tous les Niveaux
    • Expériences de mort imminente: phénomènes paranormaux ou neurologiques ?
      Résumé : Voir une lumière brillante au fond d’un tunnel, avoir la sensation de sortir de son corps, voir sa vie défiler, sont des phénomènes que certaines personnes peuvent expérimenter lorsqu’elles sont proches de la mort. Ces expériences de mort imminentes (Near-Death Experience – NDE) ont été le sujet de nombreuses théories tant spirituelles que psychologiques. Des études cliniques ont tenté de déterminer leur fréquence dans la population et de mettre en évidence les facteurs déclenchants ou pouvant influencer leur fréquence. Un des composants des NDE, les Out-of-Body Experiences (sorties hors du corps – OBE), a également fait l’objet de plusieurs investigations tentant d’expliquer et de mettre en évidence les corrélats neuronaux de ce type d’expérience. Dans cette revue, nous proposons de décrire la neurologie des NDE et des OBE ainsi que les corrélats neuronaux associés à ces expériences. Des études récentes en neuroimagerie démontrent le rôle important du cortex temporo-pariétal, région impliquée dans l’intégration des informations multisensorielles et à la conscience de soi, dans l’apparition des OBE.
      Source: Coma Science Group
    • L’expérience de ” sortie du corps “Bien que souvent mis dans le même sac, l’expérience de sortie du corps et de mort imminente diffèrent. L’impression de sortir de son corps peut être une composante des multiples sensations d’une expérience de mort imminente. Ceci dit, plusieurs personnes ont expérimenté l’impression de sortir de leur corps dans des circonstances qui n’ont rien à voir avec la mort. Dans l’expérience de ” sortie du corps “, aussi appelée décorporation, ou encore ” voyage astral ” (” out-of-body experience “, en anglais), la personne a la sensation de flotter dans les airs et de voir son propre corps de l’extérieur, souvent d’un point de vue surélevé comme celui du plafond par exemple. On a donc ici au moins trois caractéristiques distinctes qui peuvent être identifiées :
      1) l’impression d’être désincarné, c’est-à-dire que de son “soi” est situé à l’extérieur de son propre corps;
      2) celle de voir le monde d’un point de vue extérieur, souvent surélevé; et
      3) celle de voir également son propre corps de cette perspective extérieure.Source: Le Cerveau à tous les Niveaux
    • Histoire du phénomène « sortie du corps »Un premier exemple de ce phénomène a été observé par Wilder Penfield dans les années 1950. Avant de procéder à l’excision de foyers épileptiques, celui-ci stimulait directement le cortex cérébral afin d’identifier les régions essentielles à préserver (langage, etc.). En stimulant le lobe temporal droit de l’un de ses patients, celui-ci s’écria : ” Mon Dieu ! Je quitte mon corps “.Près d’un demi siècle plus tard, en 2002, avec des électrodes plus fines et donc une plus grande précision, le neurochirurgien suisse Olaf Blanke a déclenché une impression similaire chez une patiente épileptique de 43 ans en stimulant son gyrus angulaire droit. Dans le but d’identifier le foyer épileptique à l’origine de ses crises, des électrodes avaient été implantées directement sur son hémisphère cérébral droit. Lorsque Blanke fit passer du courant dans l’électrode située sur son gyrus angulaire droit, la femme eut d’abord l’impression de s’enfoncer dans son lit ou de tomber de haut. Puis, après avoir augmenté l’intensité de la stimulation, elle déclara se voir de haut, étendue sur le lit, mais n’être capable de voir que ses jambes et son tronc.
      Source: Le Cerveau à tous les Niveaux
    • Multiplication de témoignages de décorporation
      Certaines personnes proches de la mort vivent une expérience hors du commun en sortant de leur corps. Depuis quelques années, le sujet est moins tabou et les témoignages se multiplient. L’un d’entre eux fait grand bruit, celui d’Eben Alexander, neurochirurgien américain, qui raconte son expérience de mort imminente dans un livre. Il y a voit la preuve que le paradis existe. D’autres préfèrent parler d’un état modifié de conscience.
      Décembre 2012
      Source: Corpus – RTS 1
    • Anesthésie – Coma – Hypnose Les états de conscience modifiés
      Toujours en activité et centre de notre conscience, le cerveau est responsable de nos états de conscience, normaux comme le sommeil, ou modifiés. Pour aller plus loin dans son efficacité et grâce à des équipements performants, la médecine se sert de différentes formes de conscience. L’état de conscience modifié est alors choisi. C’est le cas dans de nombreuses situations, le coma artificiel, l’anesthésie ou encore l’hypnose médicale. Avec les témoignages d’Alexandrine et de Sarah.
      Décembre 2011
      Source: Pulsations TV
    • Visualisation du phénomène « sortie du corps » au niveau du cerveau
      Ce qu’il y a de remarquable également, c’est qu’un phénomène subjectif aussi complexe semble être associé au dysfonctionnement du traitement multisensoriel du corps et du ” soi ” associé à cette région corticale particulière du gyrus angulaire gauche. Dans ce cas-ci, c’est la stimulation électrique qui provoquait ce dysfonctionnement, mais l’on peut faire l’hypothèse que la même région cérébrale connaît des ratés chez les schizophrènes ou même temporairement chez les sujets normaux qui peuvent expérimenter ce type de dédoublement.

Le même genre de stimulation avec une électrode implantée sur la région temporopariétale droite du cortex a pu être réalisé par le neurochirurgien belge Dirk De Ridder et son équipe. L’étude publiée en 2007 rapporte que l’électrode avait été implantée sur le cortex d’un patient souffrant d’acouphènes (bourdonnement d’oreilles sans source sonore extérieure). Mais au lieu de soulager ses acouphènes, la stimulation électrique provoqua de manière répétitive chez le patient une expérience qu’il décrivait comme une sortie de son propre corps.

Le sentiment de décorporation décrit par le patient était toujours le même : il se sentait à environ un demi mètre derrière lui sur sa gauche. Contrairement à la patiente de 22 ans de Blanke, c’est bien son propre corps qu’il sentait derrière lui, et non pas une présence étrangère. Comme elle cependant, la sensation reflétait la position de son corps : couché sous lui s’il était couché, debout derrière lui s’il était debout.

Par ailleurs, ce patient n’a jamais eu la sensation d’observer son véritable corps du point de vue de ce corps imaginé. Au contraire, durant chaque stimulation, il avait l’impression de percevoir visuellement le monde comme d’habitude du point de vue de son corps réel, mais en même temps il avait cette sensation que son corps était situé derrière lui. Le patient ne vivait donc qu’une composante partielle de la ” sortie du corps ” classique qui s’accompagne normalement de d’un changement de point de vue au profit du corps imaginé et souvent surélevé.

Le PET scan durant ces stimulations a révélé deux régions temporopariétales où l’activité augmentait : à l’intersection du gyrus angulaire et du gyrus supramarginal, et à l’arrière du cortex temporal supérieur.

La première région est associée à l’intégration multisensorielle permettant au corps de s’orienter dans l’espace, tandis que la seconde est reconnue comme étant essentielle à la formation d’une carte de la perception de soi, un ingrédient essentiel à la conscience de soi.

Ces résultats sont aussi intéressants à plusieurs titres. D’abord à cause du grand recoupement anatomique des structures impliquées par rapport aux études similaires, notamment celles de Blanke. Ensuite parce que d’autres recherches sur la proprioception ont démontré que la stimulation des récepteurs proprioceptifs dans les muscles peut donner des illusions semblables. Celle par exemple d’avoir un membre dans une position impossible, comme le bras plié par en arrière au niveau du coude.

À un autre niveau, ces résultats sont riches parce qu’ils montrent que notre sentiment d’être nous-même, notre ” soi “, n’est pas seulement relié à nos habiletés cognitives et à nos émotions, mais également à notre sens de l’espace. Dans le cas de l’expérience de De Ridder en particulier, toutes les composantes n’étaient pas réunies pour parler d’une véritable expérience de ” sortie du corps “, mais il s’agissait à n’en pas douter d’une expérience perceptuelle atypique et révélatrice des effets du dysfonctionnement de la région temporopariétale de notre cerveau.
Article: Visualizing Out-of-Body Experience in the Brain Dirk De Ridder, M.D., Ph.D., Koen Van Laere, M.D., Ph.D., D.Sc., Patrick Dupont, Ph.D., Tomas Menovsky, M.D., Ph.D., and Paul Van de Heyning, M.D., Ph.D. N Engl J Med 2007
Source: Le Cerveau à tous les Niveaux

La neuropsychologie

    • Qu’est-ce que la neuropsychologie?
      La neuropsychologie étudie les liens entre le cerveau, le fonctionnement mental et le comportement. Ses champs d’étude comprennent le diagnostic et la prise en charge des fonctions cognitives (ex. attention, conscience, mémoire, langage, raisonnement) ainsi que le soutien des patients et de leurs proches. Pour ce faire, elle se base sur les données récentes de la recherche scientifique et utilise des méthodes scientifiquement fondées.

Qui bénéficie de la neuropsychologie ?

Les neuropsychologues examinent et prennent en charge des personnes de tout âge, adulte, adolescent ou enfant, présentant une lésion (ou un dysfonctionnement) cérébral congénital ou acquis à la suite d’une maladie ou d’un accident :

  • les lésions cérébrales présentes dès la naissance ou l’enfance, des signes de dysfonctionnement cérébral ou des particularités développementales, comportementales, cognitives
  • les maladies vasculaires comme les troubles ischémiques ou hémorragiques
  • les conséquences d’un manque d’apport d’oxygène (hypoxie)
  • les processus expansifs tels que tumeurs ou hydrocéphalies
  • les lésions d’origine traumatique telles que contusion cérébrale, hématomes
  • les conséquences de „coup du lapin”
  • les processus dégénératifs (par exemple démence d’Alzheimer, Parkinson)
  • les processus inflammatoires (par exemple sclérose en plaques) ou infectieux (par ex. SIDA)

Source: Association Suisse des Neuropsychologues (ASNP/SVNP)

Recherche

    • Ligue suisse pour le cerveau : Prix de la recherche 2012 « Sur les traces de la conscience »
      Cette année, le prix d’une valeur de CHF 20 000.– est décerné aux chercheurs Silvio Ionta et Lukas Heydrich, dont l’étude explique les décorporations. Les chercheurs ont même réussi à provoquer artificiellement chez des sujets des sortes d’expériences extracorporelles. Avec leur contribution, Silvio Ionta et Lukas Heydrich fournissent des connaissances déterminantes pour l’exploration de la conscience.

Qu’est-ce que le moi? Comment naît la perception de soi? Et pourquoi avons-nous l’impression que notre corps nous appartient? En tentant des décorporations, les chercheurs Silvio Ionta et Lukas Heydrich, de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) et de l’Hôpital universitaire de Genève, ont réussi à décrypter la conscience du soi.
Source: Ligue suisse pour le cerveau

Liens

    • Ligue suisse pour le cerveau
    • Noêsis :Centre d’Etude et de Recherche Noétiques
    • L’Association Suisse des Neuropsychologues (ASNP/SVNP)
    • Le Service de neuropsychologie et de neuroréhabilitation (NPR) CHUV
    • fragile.ch – Association suisse des personnes cérébro-lésées et de leurs proches
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